Durant l'été, nous vous proposons de retrouver des articles diffusés cette année sur le site. Aujourd'hui, un article initialement publié le 25/11/2022.
La Conférence de 2022 sur les changements climatiques, qui se tenait à Charm el-Cheikh en Égypte, s’est achevée le 20 novembre. Les 196 États membres ont trouvé un accord sur la création d’un fonds visant à couvrir les lourdes pertes et dommages subis par les pays en voie de développement confrontés aux conséquences des modifications climatiques. De nombreuses ONG étaient présentes, dont des organisations chrétiennes.
En 1983, un couple de Britanniques, Peter et Miranda Harris, a créé un centre d’études au Portugal en vue de soutenir la recherche scientifique, impliquer les individus et les communautés en leur faisant découvrir l’importance de l’écologie.
La particularité du projet tenait à l’éthique de ses fondateurs, l’ancien ecclésiastique anglican et son épouse souhaitant porter une vision chrétienne de l’écologie. Le centre, baptisé "A Rocha" ("le Rocher" en portugais) a été la première pierre d’une organisation devenue internationale présente dans 20 pays, qui s’emploie notamment à soutenir des projets d’agriculture durable afin d’atténuer l’empreinte carbone.
Parallèlement à ce travail de terrain, A Rocha tente de mobiliser les chrétiens, en publiant des ouvrages de théologie et en menant des actions de plaidoyer dans les églises, souligne Jean-François Mouhot, le directeur de la branche française de l’organisation.
En collaboration avec le S.E.L., association protestante de lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement, A Rocha France a proposé aux 2 700 églises membres du CNEF de prier pour le climat le dimanche 13 octobre.
Cependant, si le souci chrétien pour l’écologie n’est pas récent, il est encore confidentiel.
Une plus-value chrétienne à la protection de l’environnement ?
Présent comme observateur à la COP27, en tant que représentant de l’Alliance évangélique mondiale, Matthias Boehning souligne que les groupes confessionnels, notamment les chrétiens, se sont davantage impliqués que lors des précédentes conférences.
"Je voudrais mentionner l’importante présence numérique des organisations confessionnelles et leurs nombreuses activités (panels de discussion, conférences de presse, événements thématiques, etc.) […] Je vais à des conférences mondiales des Nations Unies depuis plusieurs années maintenant, mais je n’ai pas connu un tel niveau et une telle profondeur de contenu inspirés par la foi", déclare le responsable du centre de durabilité à Bonn créé par l’Alliance.
Selon lui, cela fait une différence que les religieux s’expriment, à côté des solutions techniques et politiques, car "la crise environnementale que nous connaissons est premièrement une crise morale et spirituelle au niveau des individus, avec leurs attitudes et leurs opinions."
Présent à la Conférence de Glasgow en 2021 sous la bannière de Christian Climate Observers (Observateurs chrétiens du climat), Philip Summerton, un conservationniste spécialisé dans la restauration des récifs coralliens estime que la différence que peuvent faire les chrétiens est liée à leur croyance qu’il y a plus qu’eux-mêmes et qu’ils ne se contentent pas de déclarations :
"Nous cherchons à reconnaître l’égoïsme du cœur humain et sa cupidité afin d’aider les autres à voir où [elles] ont un impact."
Une approche que partage Matthias Boehning pour qui, face à la déroute du modèle de vie mondial, "le point de départ doux, mais implacable, en tant que croyants, est de réfléchir profondément, encore et encore, à la signification d’aimer le Dieu créateur […] et notre prochain".
Selon lui, ce prochain est aussi celui qui souffre des intempéries dans d’autres pays.
Parallèlement à la présence d’observateurs confessionnels, une cinquantaine de chrétiens ont manifesté lors de la Conférence. Le responsable du Réseau catholique de la jeunesse pour la durabilité environnementale en Afrique, Joe Bongay, a souligné auprès de Catholic News Service l’intérêt qu’il voit à cette forme d’interpellation :
"Lorsque vous chantez à ce sujet, que vous applaudissez à ce sujet, cela rappelle aux gens leurs obligations morales de prendre soin de ce que nous partageons tous, qui est la terre commune dans laquelle nous vivons tous."
Pour Jean-François Mouhot, comme toutes les COP, la dernière ne va pas assez loin, hormis la création du fonds d’indemnisation. Rien n’est fait, assure-t-il, pour infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre avant 2025, car il y a une frilosité à remettre en question les politiques de croissance économique perpétuelle.
Jean Sarpédon